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elsia
4 juillet 2010

la partie lumineuse et la pesanteur obscure

jung"La liberté platonicienne de l'esprit n'autorise aucun jugement de totalité ; elle arrache la partie lumineuse du tableau divin à la moitié obscure. Cette liberté est pour une bonne part un phénomène culturel ; elle est la noble préoccupation de tout heureux athénien à qui il avait été donné de ne pas n'être ilote. Celui-là seul peut s'élever au-dessus de la nature pour qui un autre supporte le poids de la terre. Comment Platon aurait-il philosophé s'il avait été son propre esclave domestique ? Qu'aurait enseigné le rabbi Jésus s'il lui avait fallu entretenir femme et enfants ? S'il lui avait fallu cultiver le champ d'où venait le pain qu'il brisait et s'il lui avait fallu sarcler la vigne où mûrissait le raisin ? L'image du tout renferme la pesanteur obscure de la terre.
Dans "le monde d'ici-bas" il n'est nul bien sans mal, nul jour sans nuit, nul été sans hiver.
Mais peut-être l'homme civilisé ne connaît-il point d'hiver, car il peut se protéger du froid ; il ignore la saleté parce qu'il peut se baigner ; le péché, parce qu'il peut s'écarter prudemment des autres hommes et éviter bien des occasions mauvaises : il peut se croire bon et pur parce que la misère n'est pas là pour lui apprendre autre chose."

Carl G.Jung, "Le problème du quatrième", 1916
(in Les sept sermons aux morts et autres textes).

Comme une réponse à Gwen., en partie seulement.

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Commentaires
E
"joie d'offrir, plaisir de recevoir" (c'est cruchon comme formule mais en même temps c'est furieusement vrai !) J'aime bien les dialogues à travers espace-temps comme ça, celui de ces auteurs et celui de nos lectures aussi !
G
Jung qui répond à Alain de Botton... un dialogue enrichissant ! <br /> merci Elsia !
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