11/03/06 - vide

"On perd quelqu'un, on perd le monde qu'il déplace avec lui, et l'homme qu'on est dans ce monde qui meurt meurt avec lui, l'homme qu'on y a été meurt, on le sent partir de soi à chaque fois. On n'a pas appris à regarder les autres mourir, à partir avec eux, à leur survivre tant bien que mal, on n'apprend jamais, on ne s'habitue jamais au dernier souffle, à la vie s'échappant dans un siphon et puis plus rien, hop, terminé, plus de jus, adjugé vendu, celui que vous avez veillé nuit et jour, que vous avez continué à reconnaître jusqu'au bout malgré les changements, la chair fondue, les yeux fous les yeux fatigués, les yeux mi-clos les yeux gonflés les yeux clos, les gémissements, les tubes qui rentrent, ceux qui sortent, les liquides qui rentrent par les tubes, ceux qui en sortent, la gamme des couleurs inconnues, peau grise, peau verte, peau de carton, celui-là n'est plus, ni malade ni bien portant ni grand ni jeune ni souriant ni soupe au lait ni concentré sur l'aquarelle qu'il peint ni endormi sur un canapé, il vient de mourir, il s'est pulvérisé, dispersés en riens aujourd'hui et dès demain ce sera hier et après ce sera le début du pire, il y aura ce plus rien pour toujours avec obligation de réconfort dans les souvenirs et albums de photographies et réunions de vieux amis. Le vide sait tout manger, au bout le vide, par tous les bouts..." Ma forêt fantôme,II,1, D. Lachaud.

Maybe am i just tired, hate all the ways open, stopped somewhere in the past, trying to get back to a lost home.

Pour moi, il y a deux oeuvres fondamentales pour la prise de conscience du Sida en tant que maladie, Ma forêt fantôme de Denis Lachaud, une pièce de théâtre publiée chez Actes Sud-Papiers, et Angels in America de Tony Kushner, une autre pièce de théâtre mais plus connue par la série TV dérivée.

Mais ce texte, c'est pas seulement la mort, encore moins juste le Sida, c'est le vide..., don't think it's a good day right now, et puis le 15 mars, il y a des années déjà, un garçon gentil qui me montrait les photos de sa petite soeur qui venait de naître en cours d'anglais est mort, tous les ans en mars, un reflet passe sur les images de lui dans ma tête, on a des cornes en soi, comme les pages d'un livre, on les déplie jamais vraiment.

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Rédigé par: herisson08 | 12/03/2006