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elsia
19 février 2007

13/02/06 - La Belle Histoire de Freddy et Hélène

cendrarsConnaissez-vous Hélène Kleinmann ? non ?

Connaissez-vous Frédéric-Louis Sauser ? non ?

Connaissez-vous Blaise Cendrars ? ah oui là tout-de-suite, ça vous dit plus quelque chose...

Eh bien aujourd'hui je vais vous raconter la *belle* histoire de Frédéric-Louis, dit Freddy (oui comme le film, tout est logique, vous allez comprendre...), et d'Hélène, qui est l'histoire de Blaise Cendrars. Accrochez-vous à votre clavier, préparez éventuellement vos mouchoirs (question de caractère !), c'est une belle histoire bien tragique et même un peu sado-masochiste comme il y a dans les livres et l'esprit des gens tordus comme Freddy l'était. Ceci est un extrait de mes cours sur Moravagine, "roman de Blaise Cendrars", donnés dans une thématique de la stratégie du double en littérature.

Frédéric-Louis a 17ans, il est suisse allemand (il aime pas ça) et a des problèmes relationnels avec sa môman (il le cultive en bon adolescent) qui l'envoie donc en apprentissage (il s'est fait virer de partout) chez un joailler à St Pétersbourg (et ouais, elle le supporte vraiment plus !). On est en 1904, il se prend donc en pleine face la Révolution Russe, quoi de mieux pour exiter les sens d'un petit adolescent exalté !!?!

Une fille bien sûr !

Hélène... elle est allemande (le bol qu'ils ont tout de même de se trouver là-bas !), rousse... Selon mon prof dans son délire romantico-sadique freudien, ils sont sûrement vierges et youpalayoupi comme c'est trop chou.

Sauf que Maman est sadique aussi et qu'en plein milieu de ce début d'histoire, elle rappelle Freddy en Suisse "buoh bouh je me sens pas bien...".

En fait, elle lui offre la chance rêvée de laisser libre cours à ce qui est l'expression idéale des sentiments romantiques pour un romantique comme lui : les lettres d'amour !!! Sauf que, ne l'oublions pas, son style à lui c'est le tordu, le perturbé. Cette correspondance se place donc sous ce signe, d'ailleurs Freddy recopie soigneusement les lettres qu'il écrit à Hélène dans un cahier à couverture noire (il ne recopie pas les réponses, à quoi cela servirait-il ? l'amour romantico-gothique est par nature narcissique, l'amour en général sûrement aussi d'ailleurs mais bon). Ah aussi, il fait dans l'androgynie, je ne trouve pas de photo d'Hélène, c'est bête, ça aurait été intéressant de voir le style.

extraits (oui oui criez-vous tous en coeur) :

"Nos deux âmes n'en formeront plus qu'une, mais il faut que nos corps soient séparés à jamais. Vous serez mon ami et moi votre amie"

"J'aime la tristesse, ce qui est noir, ce qui est avorté, ce qui est effrayant, ce qui souffre, ce qui se traîne. (...) Je prétends encore que l'homme ne peut être vraiment homme, au-dessus de l'animal, quau détriment de sa propre espèce, qu'en se détruisant lui-même. Donc, si le bonheur existe, s'il n'est pas une chimère, le bonheur c'est la mort."

Tout ça signé "Ton Freddy qui t'aime" bien sur...

Et surtout le 24 mai 1907, il lui envoie un extrait de poème qui se conclut sur "Je voudrais voir mon corps en cendres." (et ouais vous tiltez !? "Blaise Cendrars", cendres, braises, ahhaha ! et là mon prof saute tout partout, il est content)

Un mois plus tard, Hélène meurt. Elle a renversé sa lampe à huile dans sa chambre, elle est donc morte brûlée vive, forte suspicion de suicide... et ouais, "les histoires d'amour finissent mal, etc"

Là, il semble bon d'indiquer qu'une autre phrase clé pour Cendrars, celle qu'il a dit être à l'origine de son pseudonyme, vient de Nietsche : «  Und alles wind mir nur zur Asche / Was ich liebe, was Ich fasse.» (Et tout pour moi se transforme en cendre/Tout ce que j'aime, tout ce que je fais, admirez mon allemand ! non je rigole, la traduction est du prof ;-) ...

En la mémoire d'Hélène, Freddy a écrit un long poème, la Légende de Novgorod, et comme on commence à appréhender notre bonhomme et sa manie de mettre des signes partout, on se dira que ça fait L-N et on relèvera ces vers "on a enlevé mon Hélène/Et Troie est déjà réduite en cendres.".

Freddy est un tordu, donc la culpabilité logique qui résulte de la mort d'Hélène, vu les lettres qu'il lui envoyait, il la détache de lui-même, c'est la faute à sa main droite, vilaine main qui coupe, découpe et enfonce le poignard à distance via les lettres d'un amour sadique, il croit comprendre qu'il y a une force mystérieuse en lui, dans cette main, celle de l'homme qui écrit, qui pour lui est "l'Autre".

Résultat des courses : en 1917, à la guerre (ah oui je vous l'ai dit, il aime pas les allemands, il s'aime pas en gros, donc il s'est engagé dans la légion, ben ouais il est suisse à la base vous vous souvenez ?! faut suivre !), il *perd* sa main, y'en a qui disent dans l'bataillon qu'il a rien eu à sa main, qu'il se l'ai coupée tout seul, ô comme ce serait bizarre...

Il part à NY, il devient gaucher, il devient Blaise Cendrars.

Mais le méchant Fréddy à la méchante main, on s'en débarasse pas si facilement... et là vous rencontrez Moravagine et bizarrement son hobby à lui, c'est de perforer les abdomens féminins... Les derniers mots de la Légende de Novgorod, c'est "du sang frais à travers la gaze des neige", je vous laisse méditer.

Ca vous a plu ? Elles sont belles les histoires de tata elsia, hein ?

(mais j'oubliais, Blaise, c'est comme braise avec un -l-, non ? quand on rajoute des -l-, on devient un ange, non ? et les anges, ça a pas de sexe, non ? et ben le Blaise, il a dit qu'après son changement de sexe, euh pardon de nom, et ben il a aussi arrêté le sexe justement, moi j'dis ça, je sais pas si faut le croire, je me méfie des trucs trop emboîtés...)

Commentaires

J'ai lu avec intérêt cette belle histoire, si juste... et comme cela fait tout juste 94 ans que Blaise Cendrars existe (le 6 avril 1912, "sa plus belle nuit d'écriture", a-t'il raconté avec "Pâques à New York") c'est l'occasion de le dire...
Amical souvenir et vive Clermont !
Thierry Beinstingel

Elise... Ton talent de conteuse, effleuré à Strasbourg certains samedis soirs, prend ici la place et l'ampleur qu'il mérite incontestablement. Apprends-moi à écrire comme ça, Elise, et je pourrais réaliser un des rêves de ma vie, je pourrais devenir écrivain.

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